L’employabilité des jeunes est un défi pour plusieurs pays, surtout avec le contexte économique tendu causé par la crise sanitaire actuelle. En Afrique de l’Ouest, l’accès à l'emploi créateur de valeur ajoutée, dans de bonnes conditions se fait de plus en plus rare. D’ailleurs, on ne peut pas parler de jeunesse ouest africaine comme un bloc homogène et monolithique car plusieurs facteurs entrent en jeu tels que la région, le genre, le niveau d’instruction, les réalités socio-culturelles et la politique économique. En effet, les défis auxquels cette jeunesse fait face sont différenciés. Cependant, certains challenges partagés peuvent être identifiés.
1er défi : industrialisation
En premier lieu, la région ouest africaine est toujours sur la voie de l’industrialisation. De ce fait, les opportunités d’emploi sont particulièrement plus abondantes dans le secteur agricole et plus précisément dans le milieu rural. Toutefois, les conditions de travail de ces emplois sont généralement assez précaires et à faible valeur ajoutée.
2ème défi : Taux de croissance de la population africaine
Deuxièmement, le taux de croissance démographique est très élevé et évolue plus rapidement que le taux de création d’emploi. La croissance rapide de la population active dépasse l’offre d’emplois et rend donc l’accès aux opportunités professionnelles plus difficile.
3ème défi : Fossé entre le système éducatif et le marché de l’emploi
Troisièmement, les systèmes éducatifs des pays ouest africains sont archaïques et certains jeunes diplômés ne possèdent pas les compétences qu’exige le marché de l’emploi actuel. L’école ouest africaine produit donc des diplômés en déphasage avec les besoins de ce siècle en termes d’innovation, de compétences digitales et de connaissances technologiques.
La corruption ainsi que ses différentes déclinaisons (clientélisme, recrutement politique, favoritisme, népotisme, etc.) représentent un obstacle de taille devant l'instauration d'une véritable gouvernance, aussi bien institutionnelle qu'économique. La méritocratie est un point indispensable pour pallier le déficit de l’employabilité des jeunes. Les hommes qu’ils faut sont-ils réellement à la place qu’il faut ?
Les jeunes diplômés en Afrique l’Ouest sont très compétents mais souvent mal orientés. Ils sont également mal accompagnés. Pour trouver un emploi, les compétences à elles seules ne suffissent pas. La recherche d’emploi s’apprend ainsi que comment se vendre auprès des recruteurs.
Comment relever ces défis ?
Aujourd’hui et face à ces défis, le leadership africain se doit de contribuer à la résolution du problème de l’employabilité de la jeunesse africaine. Le rôle du leadership africain consiste à :
Déconstruire l’image erronée de la réussite perçue par la jeunesse africaine. Avoir un beau bureau et un joli costume ne veut pas forcément dire que l’on a réussi.
L’agriculture, l’élevage et l’artisanat sont de métiers nobles qui ont un potentiel d’emploi énorme. Il faudrait revaloriser, structurer et encourager ces différents secteurs. Pour ce faire, le consommer local devrait être un levier de croissance. L’Etat devrait montrer l’exemple dans ce sens. A titre d’exemple, qu’il serait beau de trouver dans nos administrations du mobilier de bureau fabriqué par nos artisans et qu’il serait valorisant de voir nos Présidents et Ministres habillés par des couturiers locaux !
L’Afrique de l’Ouest a majoritairement hérité d’un système éducatif francophone qui ne favorise pas forcément l’entreprenariat contrairement au système anglosaxon. Solutionner le problème de l’employabilité des jeunes sans s’appuyer sur l’entreprenariat est une véritable utopie. A défaut de trouver un emploi, pourquoi ne pas le créer en se lançant dans l’entreprenariat ? Pour ce faire, les politiques devraient créer un environnement propice, facilitant les démarches de création d’entreprises et allégeant la fiscalité pour les startups. Repenser le système éducatif dans cette région est une obligation si nous voulons former des jeunes qualifiés pouvant répondre aux exigences du marché de l’emploi qui est en perpétuelle mutation.
Des nouveaux métiers naissent et d’autre deviennent archaïques. Le digital, l’intelligence artificielle, la domotique et autres font partie des métiers de l’avenir. Il faudrait que les formations se mettent à jours afin de fournir au marché de l’emploi les compétences adéquates. Le système éducatif doit également être repensé, de façon à ce qu’il favorise l’innovation et la créativité.
L’égalité des chances doit être prônée dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans certains Etats, nous avons le triste sentiment que le pays se limite uniquement à la capitale car les populations rurales sont laissées en rade. Il faudrait une forte politique de décentralisation qui permettrait de répondre au mieux aux besoins des populations rurales dans chacun des territoires et de leur offrir des emplois décents. Il existe toujours une forte disparité entre la scolarisation des garçons et celle des filles. Favoriser l’éducation des jeunes filles à travers la sensibilisation est donc un défi à relever.
Le défis de l’employabilité des jeunes ne se règlera pas uniquement à travers les multinationales qui s’implantent massivement en Afrique de l’Ouest. Il existe des champions locaux qu’il faut soutenir car ils peuvent jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le chômage. Cette jeunesse Africaine est également en perte de repères, les distractions stériles doivent être bannies de notre quotidien au profit de la culture du travail dur et sérieux représentée par plusieurs modèles de réussites et Success Stories Africaines.
En définitive, le défi de l’employabilité des jeunes en Afrique de l’Ouest ne pourra se relever que par des actions fortes et concrètes, diligentées par nos politiques et Leaders Africains. Nous pouvons être optimistes car nous constatons l’émergence d’un nouveau prototype de citoyen décomplexé et réellement déterminé à offrir un avenir meilleur à cette jeunesse Africaine !